Les informations destinées au grand public concernant les effets cardiovasculaires du tabagisme sont essentiellement centrées sur le risque de maladie coronaire et d’accident vasculaire cérébral, alors que le tabac est aussi reconnu comme étant un facteur de risque majeur d’artériopathie périphérique. Par ailleurs, à ce jour, aucune étude n’a comparé les effets à long terme de la poursuite du tabagisme et de son arrêt quant à l’incidence de trois manifestations majeures de l’athérosclérose, à savoir artériopathie périphérique, maladie coronaire et accident vasculaire cérébral.
L’étude de Ding et coll. avait pour but de quantifier l’association entre la poursuite du tabagisme et la cessation du tabagisme et la survenue d’une ou plusieurs de ces trois éventualités.
Elle a porté sur les 13 355 participants (âge : 45 à 64 ans) inclus, entre 1987 et 1989, dans l’essai ARIC (Atherosclerosis Risk In Communities) alors qu’ils étaient indemnes d’artériopathie périphérique, de maladie coronaire ou d’accident vasculaire cérébral à l’état basal.
L’association entre les paramètres caractérisant le tabagisme (nombre de paquets/année, durée et sévérité de l’intoxication, éventuel arrêt du tabagisme) et la survenue d’une d’artériopathie périphérique a été quantifiée et comparée à la survenue d’une maladie coronaire ou d’un accident vasculaire cérébral grâce à l’utilisation de modèles de Cox.
Lors d’un suivi moyen de 26 ans, il a été dénombré 492 cas d’artériopathie périphérique, 1 798 cas de maladie coronaire et 1 106 cas d’accident vasculaire cérébral.
20 ans pour le risque de coronaropathie et 30 ans pour le risque d’artériopathie périphérique !
Une corrélation du type dose/réponse a été retrouvée entre le nombre de paquets/années de tabac consommé et les trois affections sus-citées ; cette corrélation était la plus forte pour l’artériopathie périphérique et a persisté quand la durée et la sévérité de l’intoxication étaient analysées séparément.
Une plus longue période d’arrêt du tabagisme était nécessaire pour abaisser le risque de survenue d’une artériopathie périphérique, par rapport à la survenue d’une maladie coronaire ou d’un accident vasculaire cérébral. Ainsi, le risque de survenue d’une artériopathie périphérique persiste jusqu’à 30 ans après la cessation du tabagisme, alors que le risque de survenue d’une maladie coronaire demeure jusqu’à 20 ans après la cessation du tabagisme.
Dr Robert Haïat